Le climat désigne les conditions atmosphériques et météorologiques d’un lieu donné, sur une période étendue. Il varie en fonction de l’intensité des radiations solaires, des températures, des précipitations et des vents. La météorologie s’intéresse aux fluctuations de ces variables à une courte échelle temporelle, réduite à un jour ou quelques jours ; la climatologie les étudie sur un temps plus long – au minimum trois décennies.
On distingue habituellement cinq à six zones climatiques sur notre planète, en fonction de la distance par rapport aux pôles et à l’équateur, d’une part, et d’autre part par rapport aux mers et océans : entre les extrêmes du « climat polaire » et du « climat tropical », le climat est dit « tempéré » ; il est « océanique » quand la proximité maritime offre des précipitations fréquentes et des écarts modérés de température ; il devient « continental », voire « désertique » quand l’éloignement des côtes rend les pluies plus irrégulières ou rares, et les écarts de température plus grands. Le relief et l’altitude peuvent également jouer un rôle important, les zones montagneuses connaissant elles-mêmes de fortes amplitudes de température et d’importantes précipitations, ainsi que des périodes plus ou moins longues de froid voire de gel, à mesure qu’on s’élève au-dessus du niveau de la mer.
Les différents types de climat s’inscrivent dans un système climatique global qui a beaucoup varié depuis la formation de notre planète. Si l’on connaît mal ceux qui ont précédé la période géologique du Quaternaire, qui a démarré voici 2,6 millions d’années et vu l’espèce humaine apparaître, tandis que des calottes glaciaires permanentes se formaient aux pôles nord et sud de l’Arctique (un océan glacé entouré de terres) et de l’Antarctique (un continent recouvert de glace et entouré d’océans), les paléoclimatologues ont pu reconstituer les grandes variations du climat terrestre et mettre en évidence une alternance de périodes de glaciation et de réchauffement, en fonction de la trajectoire orbitale et de l’inclinaison de la Terre modélisés par différents mathématiciens et géophysiciens au XIXe siècle. Après un dernier maximum glaciaire atteint voici 20.000 ans, quand la température moyenne terrestre était alors inférieure d’environ 5 à 6 degrés Celsius, le système climatique global s’est réchauffé et stabilisé, il y a 11000 ans, ouvrant ainsi une période géologique entièrement nouvelle et particulièrement propice au développement des civilisations humaines : l’Holocène.
Même si, durant les deux derniers millénaires, les variations des températures moyennes n’ont guère dépassé le demi-degré Celsius, elles n’en ont pas moins fortement affecté les sociétés humaines et, partant, souvent inquiété leurs populations et notamment leurs savants et dirigeants. Ainsi, tandis que du XVe au milieu du XIXe siècle, les sociétés de l’hémisphère nord subissaient un refroidissement que les historiens surnommèrent rétrospectivement le « petit âge glaciaire », scientifiques et hommes politiques s’alarmaient des possibles influences, sur le climat de la Terre, d’actions humaines comme la déforestation, la transformation des sols et des cours ou des plans d’eau. La fin du petit âge glaciaire a toutefois coïncidé, à compter de 1850, avec un réchauffement progressif des températures moyennes provoqué, pour une large partie, par les émissions croissantes de gaz à effet de serre. C’est l’âge de l’Anthropocène. Selon le Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat (GIEC), créé en 1988, le climat terrestre se serait d’ores et déjà réchauffé en moyen d’1,1 degré Celsius par rapport à l’ère préindustrielle, mais cette augmentation des températures n’est évidemment pas uniforme : sur les continents, le réchauffement atteint déjà 1,5 degré Celsius et, pour le seul cas du territoire français métropolitain, il était, sur la précédente décennie (2011-2020), en hausse de 2,5 degrés Celsius par rapport aux températures moyennes relevées un siècle plus tôt, durant la décennie 1901-1910. Constatant une incontestable tendance au réchauffement, le GIEC prévoit une hausse des températures moyennes de près de deux degrés Celsius dès le milieu du XXIe siècle, et de plus de 3 degrés Celsius à l’horizon du XXIIe siècle.
S’il ne fait plus aucun doute qu’un réchauffement de l’ordre de + 1,5 degré Celsius sera atteint avant 2030, le changement climatique pourrait suivre trois trajectoires possibles, à compter de 2050, en fonction des effets produits par nos actions ou, au contraire, notre inaction présentes. En l’absence de coordination internationale pour limiter et réduire les émissions de gaz à effet de serre, le réchauffement devrait, d’ici 2100, dépasser les 3,5 degrés et se poursuivre ensuite inéluctablement. Si nos sociétés parviennent en revanche à réduire fortement leurs émissions, pour atteindre la neutralité carbone vers 2050, le réchauffement pourrait être stabilisé en dessous de 2 degrés Celsius ; en l’état actuel des choses, les efforts fournis restent cependant largement insuffisants et les émissions mondiales continuant de croître, le plus probable est qu’elles ne commenceront pas à décliner avant le milieu du XXIe siècle, provoquant un réchauffement avoisinant les 3 degrés Celsius à l’aube du XXIIe siècle.
La question du changement climatique intéresse l’institut thématique interdisciplinaire Lethica à de multiples égards. Son appréhension implique en effet de croiser tous les domaines de savoir (sciences de la terre ; sciences de la vie et de santé ; sciences humaines et sociales), dans une perspective scientifique résolument interdisciplinaire. Les connaissances ainsi acquises soulèvent en outre des enjeux éthiques fondamentaux. Ne pouvant plus ignorer la réalité de ce changement, nous sommes désormais non seulement comptables des choix de nos ancêtres, mais nos actions présentes détermineront également nos conditions d’existence, à court et moyen terme, autant que celles de nos descendants dans un futur proche. Cette question de l’agir climatique rencontre ainsi les quatre thématiques piliers de notre iti : la question du triage et de la priorisation des populations dans l’adaptation au changement climatique ou l’atténuation de ses effets ; la nécessité de faire cas des situations locales, mais également de prendre en considération la pluralité des formes de vie et, plus largement, de prendre soin du vivant dans toute sa diversité ; l’urgence de la transparence sur les processus en cours, contre la culture du secret et du scepticisme envers le changement climatique, entretenue à dessein depuis de nombreuses décennies ; le rôle des arts et des littératures enfin, dans la précipitation de révolutions morales qui puissent accompagner, à une brève échéance historique, la transformation de notre sensibilité et de nos comportements vis-à-vis de notre environnement.
Anthony Mangeon - Configurations littéraires
Bibliographie :
- Jean Jouzel, Anne Debroise, Le défi climatique : objectif 2 °C !, Paris, Dunod, 2014.
- Christian de Perthuis, Climat : 30 mots pour comprendre et agir, Louvain-la-Neuve, De Boeck Supérieur, 2022.
- Valentine van Gameren, Robert Weikmans & Edwin Zaccai, L’adaptation au changement climatique, Paris, La Découverte, 2014.