La beauté hantera le monde : anges et démons dostoïevskiens dans La Naissance d’un assassin de László Krasznahorkai
László Krasznahorkai cite le nom de Dostoïevski parmi ceux qui le « poussent à écrire ». Il voit en effet ressurgir les « Démons » dans l’histoire hongroise contemporaine (« La mélancolie de la résistance », 1989) ; l’entretien d’Ivan Karamazov avec son mystérieux interlocuteur se poursuit dans les rythmes du « Tango de Satan » (1985) ; « La naissance d’un assassin », nouvelle de 2008, s’arrête là où commence le chemin criminel de Raskolnikov. Le personnage sans nom (mais à qui on est tenté de donner tantôt celui de Raskolnikov, tantôt celui de Mychkine, à moins que ce ne soit l'anonyme "homme du sous-sol", tous avec leurs fantasmes et leurs dédoublements) est au seuil d'un crime auquel il est poussé par une force immatérielle mais qui devient paradoxalement plus que réelle après une rencontre étrange dans les catacombes (ou dans les profondeurs de sa propre conscience).