Comment notre rapport aux oiseaux a-t-il changé en conséquence des politiques de préparation aux pandémies ? Pour répondre à cette question, l’anthropologue Frédéric Keck nous entraîne dans un voyage de Singapour à Taïwan en passant par Hong Kong, territoires qui furent le théâtre de la crise du SRAS en 2003, et qui peuvent donc être considérés comme pilotes en « prévention au niveau aviaire ». L’auteur fonde son enquête sur une analogie entre les techniques anciennement appliquées à la chasse et à la cueillette et les techniques contemporaines de gestion des maladies émergentes : ainsi les virologues et les microbiologistes deviennent des « chasseurs » de virus et des « collecteurs » d’échantillons. Dans cette chasse aux virus, les microbiologistes se sont alliés aux ornithologues et aux vétérinaires pour suivre les itinéraires de différents agents pathogènes par-delà les frontières d’espèces – des oiseaux sauvages, aux animaux domestiques jusqu’aux humains. À ce titre, les oiseaux deviennent des « sentinelles » des virus en envoyant des signaux d’alerte précoce. Composée d’une première partie théorique et d’un deuxième temps plus empirique, cette enquête ethnographique menée aux frontières de la Chine est l’occasion de réfléchir à notre rapport aux animaux, entre mythologie et élevage industriel, entre rites sacrés et biosécurité.
Francesca Cassinadri
Doctorante Configurations littéraires (UR 1337)Université de Strasbourg