L’idée que le livre soigne est aujourd’hui très populaire en Occident, où se multiplient les ateliers de « bibliothérapie » comme la production d’ouvrages à des fins d’amélioration de la santé psychologique ou physiologique des lecteurs. Cette dynamique marque un tournant dans la conception du rôle joué dans la littérature depuis 1950 : après des années placées, dans les œuvres littéraires comme les approches critiques, sous le signe de la réflexivité du texte et de sa clôture sur lui-même, ces nouvelles pratiques restituent à la littérature une dimension non seulement esthétique, mais aussi existentielle. Or, cette notion nouvelle en Occident fait écho à une tradition extra-européenne pluriséculaire : en effet, si le mot même de « bibliothérapie » est une création occidentale, on trouve pourtant parmi ses grands ancêtres Le Pañchatantra indien et Les Mille et une nuits, qui, à l’instar de la bibliothérapie contemporaine, affirment de manières différentes quels peuvent être les pouvoirs du récit. Au miroir de ces modèles orientaux et extrême-orientaux, on voit ainsi réapparaître les deux tendances qui définissent en Occident la bibliothérapie contemporaine, laquelle revendique une action tantôt sur la sphère intellectuelle et morale, tantôt sur les mécanismes physiologiques les plus concrets. Elles regardent ainsi doublement du côté de rôle éthique joué par la littérature, à la fois comme modèle de comportement et comme guide du jugement et de la décision. Source, influence, ou modèle alternatif de guérison, ces bibliothérapies d’ailleurs méritent donc qu’on les examine.
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Informations Victoire Feuillebois
Ce colloque entre dans la programmation 2021 de LETHICA, mais il est intégralement financé par la dotation recherche IdEx obtenue par V. Feuillebois en 2019.