Luba Iakymtchouk (1985-)

Lubov (Luba) Iakymtchouk est une poétesse, dramaturge, scénariste ukrainienne née en 1985 à Pervomaïsk, dans l’oblast de Lugans'k à l’Est de l’Ukraine. Elle est l’autrice de deux recueils poétiques : ,Comme la MODE[1] (, jak MODA / « , як МОДА ») publié en 2009 et Les Abricots du Donbas (Abrykosy Donbasu / « Абрикоси Донбасу »)[2]. Un texte en prose de Luba Iakymtchouk fait également partie du recueil Hommage à l’Ukraine[3]sous la direction d’Iryna Dmytrychyn et Emmanuel Ruben. Ses poèmes ont été traduits et publiés dans des revues en Suède, en Allemagne, en Pologne, en Israël et dans d’autres pays. Iakymtchouk est lauréate de nombreux prix littéraires, notamment le prix Bohdan-Igor Antonytch (2008), le prix Vassyl Symonenko de l’Union nationale des écrivains d’Ukraine (2010) et le prix international de poésie slave (2013). Elle représente dans la littérature ukrainienne contemporaine la possibilité d’un engagement lyrique qui permette à la fois de raviver les traces d’une culture réprimée et de promouvoir un regard féministe sur les réalités ukrainiennes contemporaines. Par ailleurs, en tant que native du Donbas chassée par l’invasion russe du territoire de cette région orientale de l’Ukraine en 2014, son œuvre est traversée par les échos de la guerre, qui président chez elle à la création d’une langue poétique nouvelle.

En témoigne notamment son dialogue avec les poètes disparus à l’époque de Staline. En effet, Iakymtchouk exerce également en tant que chercheuse en littérature, se concentrant principalement sur l’étude de la vie et des œuvres du poète ukrainien Mikhaïl Semenko, considéré comme le père du futurisme ukrainien, fusillé en 1937, appartenant à la Renaissance fusillée (Rozstriljane vidrodžennja / « Розстріляне відродження[4] »). Lubov Iakymtchouk est également co-curatrice, aux côtés de la poétesse Galyna Tanaj, d’un projet culturel intitulé Le Métro jusqu’à Kybyntsi (Metro do Kybynec' / « Метро до Кибинець »), en référence au poème de Mikhaïl Semenko « Le Métro » (Pidzemka / « Підземка », 1928) et à son village natal, Kybyntsi, où le poète est né. Le projet vise à raviver l’espace du village d’un point de vue culturel et s’inscrit dans un projet culturel visant à valoriser la culture ukrainienne réprimée et souvent annihilée à l’époque de la domination russe et soviétique. S’inscrivant dans la volonté de ressusciter ce patrimoine réduit au silence, son approche littéraire et culturelle s’inscrit dans une dialectique entre transparence et secret dont témoignent ses œuvres publiées, qui prolongent le dialogue avec le futurisme pour y injecter un regard proprement féminin.

Kateryna Tarasiuk - Université de Strasbourg

Bibliographie

  • Lubov Iakymtchouk,  , jak MODA [ «, як МОДА»], Lʹvіv : Kamenjar, 2009.
  • Lubov Iakymtchouk, Abrykosy Donbasu [ «Абрикоси Донбасу»], Lʹvіv : Vydavnyctvo Starogo Leva, 2015.
  • Luba Yakymtchouk, Les Abricots du Donbas, Paris : Éditions des femmes-Antoine Fouque, 2023.
  • Iryna Dmytrychyn, Emmanuel Ruben (dir.), Hommage à l’Ukraine, Paris : Éditions Stock, 2022.
  • Tatʹjana Kyselʹčuk, « Pravila žittja poeta : Lubov Iakymtchouk », in ARTMisto, 05/11/2015.
  • Marta Levčyk, « Takyj femіnіstyčnyj futurizm », in Bukvoїd, Re:cenzії,27/08/2011.

[1]  Lubov Iakymtchouk,  , jak MODA [ « , як МОДА »], Lʹvіv : Kamenjar, 2009.

[2] Lubov Iakymtchouk, Abrykosy Donbasu [ « Абрикоси Донбасу »], Lʹvіv : Vydavnyctvo Starogo Leva, 2015.

[3] Iryna Dmytrychyn, Emmanuel Ruben (dir.), Hommage à l’Ukraine, Paris : Éditions Stock, 2022.

[4] Le terme « La Renaissance fusillée » a été introduit par le journaliste polonais Jerzy Giedroyc dans sa correspondance avec le chercheur en littérature ukrainienne Iouri Lavrinenko en 1958. Il a été utilisé pour décrire toute une génération d’écrivains, de poètes et d’artistes ukrainiens qui cherchaient à revitaliser, voire à repenser, la littérature et la culture ukrainiennes tout en s’opposant au régime stalinien dans les années 20-30 du XXe siècle. Un grand nombre d’entre eux ont été fusillés ou réprimés par le régime totalitaire de Staline, notamment pendant la période de la Grande Terreur.