Roja Chamankar (1981-)

Née à Borazjan dans la province de Bouchehr au sud de l’Iran en 1981, Roja Chamankar est poétesse et cinéaste. Elle commence par publier ses premiers poèmes dans la revue Chiraz à l’âge de onze ans, et à être reconnue par les cercles de poésie iraniens. La sortie française de Mes souffles coupés par le milieu (Éditions Minuscule, 2011) en édition bilingue persan-français, puis de Je ressemble à une chambre noire (2015) et Dans ma chevelure (2023) aux Éditions Bruno Doucey, emmènent son écriture vers la langue française et la traduction de poèmes d’Henri Meschonnic De Silence en Silence (Cheshmeh, 2014) et d’Alain Lance, Guerre des mots contre l’anéantissement, traduit avec Farideh Rava (Sarzamin-e Ahourai, 2019). Chamankar est elle aussi traduite, vers l’anglais : Murmures suspendus (édition trilingue persan-français-anglais, Harlequin, 2017) ou Dying in a Mother Tongue par Blake Atwood(Austin Press, Edition University of Texas, 2018).

Roja Chamankar a dû quitter l’Iran en raison de son activité poétique. Exilée en France et actuellement aux États-Unis, elle ne cesse de dire ses poèmes d’une voix puissante et de multiplier les récitals de poésie à l’étranger, en Suède, Autriche, Malte, France ou États-Unis. Elle est également publiée dans plusieurs anthologies des Éditions Bruno Doucey : Frontières. Petit atlas poétique (2023), Grâce… Livre des heures poétiques (2024) et Service d’Aide aux Mots Universels (2025). Elle reçoit de nombreux prix littéraires comme le Prix Nikos Gatsos en 2016.

« Je ne peux pas rester silencieuse face à l’irrespect des droits humains fondamentaux » nous confiait Roja Chamankar lors d’un entretien en 2011. La tendresse de chaque mot de ses poèmes abrite une douleur, une souffrance exorcisée qui comme une berceuse prend par la main le lecteur pour y murmurer délicatement, mais tout en montrant les dents, que sous le voile, la chevelure est crinière : « Il ne reste plus rien à dire, alors chut ! / Et dire que je voulais seulement que tu sois mon petit cœur… » (Mes souffles coupés par le milieu). Le recueil Dans ma chevelure s’inscrit dans une réflexion sur le mouvement Femme Vie Liberté qui secoue l’Iran depuis la mort de Mahsa Amini.

David Gondar
CHER – Université de Strasbourg